Quand le monde s’effondre

Jessica Moody
Oumar Ba

Au crépuscule du règne de Ouattara en Côte d’Ivoire.

Image via Wikimedia Commons.

Quand Alassane Ouattara, l’ancien directeur adjoint du FMI accéda au pouvoir en Côte d’Ivoire en 2011, il avait prédit que la croissance économique allait réconcilier le pays avec lui-même, au sortir d’une guerre civile qui avait duré 9 ans.

Toutefois, la majorité des ivoiriens peinent à sentir les retombées de la croissance économique. En effet, près de 46% de la population vit encore en dessous du seuil de pauvreté. L’économie néolibérale n’a pas allégé la faim qui tenaille la moitié du people ivoirien, alors que l’unité du pays demeure encore élusive. Bien que Ouattara ait annoncé qu’il renonçait à briguer un troisième mandat qui aurait été anticonstitutionnel, ses dérives autoritaires restent un souci.

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis son arrivée au pouvoir 2011. Après plusieurs mois d’un conflit armé qui avait fait plus de 3 000 morts et 300 000 refugiés, la communauté internationale voyait en Ouattara l’incarnation d’une nouvelle ère pour la Côte d’Ivoire. Parce qu’il était un technocrate, les élites occidentales et les institutions financières voyaient en lui le personnage capable d’assurer la stabilité économique du pays au sortir du conflit armé.

Sur le papier, et selon les indicateurs du marché international, l’économie ivoirienne se porte bien. Une décennie après la fin du conflit, le gouvernement ivoirien a démontré sa capacité à remettre sur pied une économie moribonde et à attirer des investissements étrangers. Le PIB de la Côte d’Ivoire sous Ouattara a eu une croissance de plus de 7%, un taux parmi les plus élevés en Afrique. A travers le pays, de grands chantiers sont en cours, y compris un métro pour Abidjan dont l’inauguration est prévue en 2023, alors que des cafés, restaurants, et hôtels sortent de terre un peu partout.

Toutefois, les ivoiriens se plaignent que ces indicateurs de la croissance économique n’ont pas eu l’impact escompté sur leur vie quotidienne. Pendant que les investissements étrangers inondent le pays, les ivoiriens ont encore faim. Aussi, cette croissance n’a pas résolu les causes profondes du conflit ivoirien.

Néanmoins, les institutions financières internationales et les gouvernements occidentaux ont bien accueilli les politiques économiques de Ouattara. Le président ivoirien a en effet amélioré l’espace des affaires de son pays, si bien qu’en 2014 et 2015, la banque mondiale notait que la Cote d’Ivoire faisait partie des 10 pays au monde qui avaient le plus fait de progrès dans leur environnement d’affaires.

Ouattara a aussi rétabli la sécurité intérieure du pays. Voyager en Côte d’Ivoire n’est plus dangereux, et la zone tampon qui divisait le pays durant la guerre civile a disparu. Les ivoiriens, y compris ceux qui ne sont pas du camp de Ouattara, admettent que leurs vies ne sont plus en danger, et les barrages policiers ne sont plus omniprésents.

About the Author

Jessica Moody is a PhD Candidate in the War Studies Department at King's College London.

About the Translator

Oumar Ba is a member of Africa is a Country's editorial board and on the political science faculty at Morehouse College.

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